Quand vient sans crier gare, du fond de la nuit Le chant des douze coups de minuit, Dès lors mes sens entrent en éveil. Sous la lune éternelle, ma seule amie, Je détends mon corps meurtri Par un sommeil aux rêves sombres.
Qui pourrait comprendre cette faim Qui monte alors en moi, L'instinct qui me ronge Et me pousse à sortir des bois ? Quel destin étrange a conduit Les miens à cet état, Moitié homme, moitié loup, Dans un combat sans répit ?
Quand vient, tant désirée, l'heure de minuit, Dans vos rues, je cours sans bruit, Baigné par la lune pleine. Traquant la proie facile, au cou de qui, En sucions lentes et ravies J'abreuverai ma soif immonde.
Qui saurait reprendre cette vie Qui coule alors en moi ? La chaleur m'innonde et la force envahit mes bras. Qui pourra prétendre dans mon coeur Planter le pieu d'argent Pour rompre l'anathème Et me sauver de mon sort ?
Quand vient à fâner la fleur de la nuit Que meurt le chant de minuit Quand l'aube à nouveau triomphe. A l'ombre de ces bois, ou j'ai grandi Je retourne enfin dormir De mon sommeil aux rêves sombres.
Qui voudrait entendre la souffance Qui germe alors en moi, Les remords qui rongent Mon âme, honteuse de moi ? Qui pourrait me croire quand je prie Qu'un jour un être comme moi Abrège ma peine et me vide De mon sang impur ? |